Lors des élections présidentielles, les tendances et les chiffres relatifs à l’orientation politique varient souvent en fonction de certains paramètres. Ces différents paramètres définissent des catégories d’électeurs. Au cours de la présidentielle de 2022, l’âge a été l’un des marqueurs les plus déterminants en termes d’orientation politique.
Les seniors ont marqué en particulier ce vote en raison de leur soutien peu habituel au candidat de la Gauche, Emmanuel Macron. Malgré qu’il soit le président le plus jeune de la cinquième République française, le candidat a reçu un grand soutien de la part des plus de soixante ans. Zoom sur ce retournement de situation peu attendu sur la scène politique française.
Malgré la diversité de profils qui existent parmi les électeurs français, certains électorats ont plus d’influence sur le résultat final que les autres. C’est par exemple le cas avec les seniors de plus de 65 ans qui occupent une place assez importante dans la population du pays.
En effet, cette classe constitue à peu près un cinquième du peuple. Au-delà de leur grand nombre, les seniors sont également ceux qui sont le plus impliqués dans le processus électoral. Par manque de disponibilité et par désintérêt, les autres classes d’âges enregistrent le plus grand taux d’abstention.
Selon les chiffres, ce groupe d’électeurs s’est déjà illustré en constituant la moitié des votants au cours des élections régionales et départementales de 2022. De cette manière, l’électorat constitué des plus de 65 ans représente, dans certains cas, presque la moitié des votants.
Cela explique donc que les seniors sont l’une, voire la cible principale des candidats aux présidentielles pendant la campagne. Afin de pouvoir accéder à la tête de l’État, recevoir du soutien de la part des électeurs mobilisés que sont les seniors était la clé. Qualifié par le terme assez évocateur d’« or gris », le troisième âge a été l’une des priorités des projets politiques des candidats au second tour.
En se fiant aux élections des dernières années, l’électorat des plus de 65 ans se tourne traditionnellement vers les candidats de Droite. Ceux-ci sont en grande partie les plus préoccupés par les problématiques relatives à la transmission du patrimoine et à la conservation des valeurs traditionnelles. Généralement, ce sont les politiques des partis de Droite qui s’impliquent dans ces domaines et le mettent en avant dans leur campagne.
Cet intérêt particulier pour le conservatisme est essentiellement lié à la grande prévalence de la culture religieuse catholique chez les personnes de cette tranche d’âge. Conjointement, elles se montrent assez hostiles au libéralisme des mœurs qui est prôné par la Gauche et le front national.
Toutefois, Emmanuel Macron qui appartient à un parti classé de Gauche, a su relever le défi en réussissant à convaincre les seniors lors des dernières présidentielles. Au vu des mesures qu’il a prises au début de son précédent quinquennat qui n’a pas fait l’unanimité chez les seniors, il est légitime de s’interroger sur les raisons de ce soutien.
Avec ces mesures relatives aux retraites, Emmanuel Macron n’a pas toujours été le chouchou des seniors durant son mandat. Pourtant, il a su les convaincre grâce à la manière dont il a su gérer les différentes crises telles que les gilets jaunes ou la crise sanitaire.
Ayant une tendance à soutenir le président en exercice, certains membres de cet électorat préfèrent opter pour un choix de sécurité. Étant donné que la gestion faite pendant le précédent mandat n’était pas mauvaise, ils n’ont pas voulu prendre de risque.
Déjà en 2017, Emmanuel Macron raflait la majorité des voix chez l’électorat du troisième âge. Une majorité écrasante de 78 % des voix des personnes de 70 ans lui avait été accordée au second tour des élections de 2017.
D’une part, la popularité du président réélu est due à la diversité des points qu’il aborde dans son programme pour le nouveau quinquennat :
Les seniors font partie des électeurs qui suivent le plus l’évolution des questions politiques en période d’élection présidentielle. Ils ont donc tout le temps nécessaire pour analyser et éplucher les promesses que font les candidats et le contenu de leurs programmes.
Malgré la réticence du grand public en général, la tranche des seniors s’est montrée particulièrement favorable à la retraite à 65 ans proposée par Macron. Pour son deuxième quinquennat, le président en exercice prévoyait déjà de présenter son projet de réforme des retraites.
Avant d’avoir rencontré des obstacles majeurs tels que les confinements successifs, le chef de l’exécutif souhaitait déplacer l’âge légal de départ à la retraite. Il passerait alors de 62 à 64 ou 65 ans d'ici à l'année 2031 pour tous les salariés, y compris ceux qui bénéficient d’un régime spécifique.
Dans l’optique de « consolider notre régime de retraite par répartition », l’ancien ministre prévoit également d’amener le minimum retraite à 85 % qui constituent 1200 euros par mois. Ces quelques garde-fous sont présentés principalement afin de permettre aux seniors de s’assurer un meilleur niveau de vie pendant la vieillesse.
C’est l’une des raisons pour lesquelles une bonne partie des électeurs de cette tranche d’âge n’ont pas hésité à se ranger du côté de Macron. Avec leur position de quasi « faiseurs de roi », il est évident que le soutien des seniors n’a pas été de trop pour propulser la candidature du président en fonction.
D’autre part, le manque de popularité des seniors auprès de Marine Le Pen s’explique aisément par sa volonté passée de sortir de l’euro que les plus de 65 ans avaient trouvé peu cohérente.
En définitive, le soutien qu’a reçu le chef de l’État de la part des seniors est dû à leur volonté de sécurité que la gestion du quinquennat précédent a su apporter et au contenu de son programme.
